OrlAn

biographie mentionnée dans la bibliographie publiée par le Musée d’art moderne

de Saint-Etienne pour l’exposition “Orlan, le récit” mai 2007

néE en 1947 à SaiNt EtiEnNe, FrAncE

vIt eT trAvaiLle à Los Angeles, États-Unis

 

"...iNtErroGer l'iDeNtité féMiniNe eT lEs pResSioNs qUi s'eXercEnt sUr lEs corPs, eN pArtiCuliEr cElui dEs feMmeS."

 

Le grand oeuvre d'Orlan, artiste française aux multiples facettes, se déploie grâce à une extrême diversité d'outils artistiques, en perpétuel renouvellement : peinture, sculpture, performance, photo, vidéo, son, outils numériques etc. Si ses performances chirurgicales l'ont rendue célèbre, elles ne sont qu'une infime partie d'une oeuvre globale, déployée de façon extrêmement logique et cohérente, à travers laquelle sont posées certaines des questions les plus essentielles de notre temps.

En refusant de porter son prénom et le nom de ses parents, Orlan a brouillé les codes sociaux et les marquages du sexe. Depuis ses débuts en 1964, à 17 ans donc, avec des marches au ralenti effectuées dans sa ville natale de Saint Etienne, elle continue de se rebeller contre la fatalité génétique, aussi bien que contre l'immuabilité du rôle et des canons assignés à la femme dans notre société.

Orlan a toujours utilisé son corps comme matière première de ses oeuvres. En 1978, elle réalise sa première opération-chirurgicale-performance presque malgré elle : fondatrice du Symposisum de Performance de Lyon, elle est opérée d'urgence pour une grossesse extra-utérine et a juste le temps de glisser une vidéo dans le bloc opératoire. Dès que la cassette est enregistrée, une ambulance la transporte pour diffusion à l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain. C'est le point de départ d'une longue série de performances sanglantes, au cours desquelles elle détourne la chirurgie et la chirurgie esthétique au service de son art.

Hormis les opérations-chirurgicales-performances qui ont suscité scandale et effroi, l’oeuvre d’Orlan reste mal connue du grand public. Souvent incomprise par les médias qui n'ont voulu retenir de son travail qu'un aspect provocateur et grand-guignolesque, elle est aujourd'hui une artiste de renommée internationale et se voit attribuer de prestigieux prix. Depuis 1999, elle est enseignante en nouvelles technologies à L'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy (ENSAP-C).

 

DeS imAges pEuveNt hEurtEr lA sEnsibiLité de ceRtaiNs viSiteUrs

 

1964-1965

les Marches au ralenti

Première performance d'Orlan créée à Saint Etienne. Elle a 17 ans. Elle effectue le plus lentement possible un trajet entre la place Dorian et la place de l'Hôtel de Ville, trajet parcouru quotidiennement par les Stéphanois. Dès cette action, elle propose une expérience corporelle en rupture, apte à transformer la perception d'un lieu et d'un comportement physique. Cette action a été reprise dans plusieurs villes et à nouveau effectuée à Saint Etienne, en 1965, mais "à rebours".

 

1964-1983

MesuRages de rue ou d'institutions

Orlan confronte directement l'espace urbain à son propre corps, qui lui fournit son unité de mesure, l'Orlan-corps. Elle met ainsi en scène la relation idéale entre le corps humain et l'architecture. Orlan arrive dans chaque lieu avec un chevalet sur lequel elle commence un constat. Elle enfile une robe, taillée dans les draps de son trousseau (voir plus bas), s'allonge et trace un trait à la craie derrière sa tête. Elle recommence l'opération à partir de cette marque autant de fois que nécessaire. Puis elle compte avec deux témoins le nombre d'Orlan-corps contenus dans l'espace et l'inscrit dans le constat. Elle lave alors sa robe en public et recueille l'eau sale dans un reliquaire. Pour finir, elle brandit le flacon en posant comme la Statue de la Liberté.

Les oeuvres issues de ces mesurages comprennent les flacons d'eau (cachetés à la cire et numérotés), les constats, les photographies, films et vidéos ainsi que des plaques commémoratives (en marbre et cuivre), la robe présentée dans un reliquaire de plexiglas, des interventions sur les plans des architectures mesurées et un étalon, l'Orlan-corps, composé de 10 représentations d'Orlan, gravées sur une barre de métal de la longueur de son corps. Cette action qui se déroula dans plusieurs pays (Centre G.Pompidou à Paris, port de Sète, place Saint Pierre à Rome, Musée Guggenheim à New-York, Musée Saint Pierre à Lyon, maison de Le Corbusier à Firminy, galerie GN de Gdansk en Pologne etc.) peut encore être commandée à l'artiste.

A propos des draps du trousseau : dans les années 60, toute jeune fille devait encore fabriquer son trousseau de mariage. Elle préparait ainsi une partie de son apport au ménage tout en démontrant son excellence de couturière. Solides et précieux, les draps du trousseau étaient en outre transmis sur plusieurs générations. Suivant cette tradition, la mère d’Orlan avait acheté du tissu de lin blanc, symbole de pureté, que l’artiste aurait dû ourler et broder pour coudre son linge de maison. Pour se démarquer de ce schéma et déplacer les enjeux de l’héritage maternel, elle va se servir de ce tissu dans plusieurs œuvres, jusqu’aux années 1980. Dans un premier temps, elle utilise les draps pour les tendre sur des châssis et peindre sur eux. Puis elle les transporte avec elle en allant retrouver un amant, afin qu’ils soient tachés hors du mariage. Parallèlement, elle entreprend un travail de construction de sculptures dures et molles et de toiles libres construites avec des coutures et des reliefs, dans lesquels de petits portraits faits au crayon sur une petite parcelle de ces mêmes tissus sont maintenus par des épingles. Plus tard, les yeux fermés ou bandés, Orlan rebrode les taches de sperme, créant ainsi des draps brodés en plusieurs endroits, les Repérages de taches de sperme. Ces pièces sont montrées au sol ou au mur, tendues aux quatre coins par des crochets de boucher fixés par des pointes sur une planche plus grande et peinte en noir. Les draps du trousseau s’imposent comme un élément central autour duquel relier et lire un nombre considérable d’œuvres d’Orlan.

Jocelyn BIGOT, artiste multidisciplinaire, a réalisé le 31 octobre 2004 un Hommage à Orlan / MesuRage de l'espace d'exposition de l'ex-édifice The Gazette lors de la 4ème Biennale de Montréal, reprenant fidèlement le scénario des MesuRages de l'artiste et portant une robe cousue à l'identique (source:http://www.jocelynbigot.com/Performances.htm)

 

1964-1966

Orlan accouche d'elle-même (ou d'elle-m'aime)

Il s'agit d'une de ses premières oeuvres photographiques tirée d'une série où Orlan, nue, pose avec des masques, des mannequins, des vases, des chevalets, des cadres dorés. Orlan accouche d'elle-même (ou d'elle-m'aime) la montre nue avec le buste d'un mannequin sans bras entre les cuisses. Cette oeuvre est particulièrement signifiante au regard des opérations-chirurgicales-performances où l'artiste, d'une autre manière, accouche également d'elle-même. Ici, le corps de l’artiste apparaît déjà au centre de la réflexion, il devient sculpture et matériau de base. A partir de ce moment son corps devient débat public pour insister sur les pressions et les standards imposés au corps en général et celui des femmes en particulier.

 

1967-1975

Les Tableaux vivants

La Grande Odalisque 1968 (d'après Ingres)

Dès 1967, Orlan s'approprie la technique des tableaux vivants où des modèles posaient en imitant des toiles célèbres. Elle reconstitue cette année-là Le Déjeuner sur l'herbe en posant habillée alors que les hommes sont nus. On retrouvera cette inversion dans L'Origine de la Guerre (voir plus bas).

 

1974-1984

Le Drapé-le Baroque

Cet ensemble comprend des performances publiques et privées, des oeuvres photographiques réalisées en studio, des robes de Madone en draps du trousseau amidonnés et une sculpture en marbre. Les performances sur Le Drapé-le Baroque ont permis à l'artiste , travestie en Madone, de construire l'identité de Sainte Orlan. La performance, véritable épreuve physique (3 à 5 heures d'action, au ralenti, plusieurs heures de maquillage et d'habillement) se déroule selon un rituel précis. L'action débute par une procession : Orlan, drapée dans plusieurs mètres des draps du trousseau, entre sur un palanquin porté par 4 ou 5 hommes. Elle tient dans ses bras une pelote de bandes de draps qu'elle démaillotte. L'enfant est souvent matérialisé par un pain à la croûte bleue et à la mie rouge, qu'Orlan mange, parfois jusqu'au vomissement. Elle libère ensuite ses cheveux, se démaquille et dénude l'un de ses seins, donnant une image d'extase. Orlan se place à quatre pattes sur un très long tapis rouge, dans lequel elle s'enroule progressivement, jusqu'à former une balle de tissu énorme qui disparaît lentement dans l'espace.

 

1976

Strip-tease occasionnel

C'est le premier travestissement effectué avec les draps du trousseau. Orlan s'inspire des Madones bourguignonnes. Comme dans la série des tableaux vivants, elle cite un modèle de l'histoire de l'art, La Naissance de Vénus de Botticelli. Cette oeuvre annonce, entre autres, La Ré-Incarnation de Sainte Orlan ou Image(s), Nouvelle(s) image(s).

 

1977

Le Baiser de l'artiste

Oeuvre majeure dans le travail d'Orlan, cette performance se déroula à la FIAC de 1977, au Grand Palais à Paris. Au nom de l'art Orlan y imposa son action de manière "sauvage". Assise derrière une photo grandeur nature de son buste nu traité comme un distributeur automatique, elle harangue la foule tel un camelot et monnaye ses baisers. A sa droite, une autre silhouette de photo collée sur bois la montre en Madone à qui l'on peut, pour le même prix (5 francs), offrir un cierge. Pendant le baiser, elle déclenche quelques mesures de la Toccata en si mineur de Bach, et une sirène électronique violente marque la fin du baiser. Pute et Sainte, le dispositif unit les deux figures extrêmes de la femme occidentale.

Avec cette oeuvre sulfureuse, l'artiste se vend directement aux consommateurs sans la médiation des marchands d'art ou d'une œuvre d'art. Avec elle, il n'y a plus d'objet sacralisé, isolé. Orlan revendique ainsi son droit à disposer de son corps comme elle l'entend, tout en questionnant la nature de l'homme et la structure du marché artistique. La performance, répétée plusieurs heures chaque jour pendant toute la durée de la foire, déclencha un terrible scandale et attira l'attention des médias. Quelques jours plus tard, l'artiste fut renvoyée sans préavis de l'ENBA de Lyon où elle formait des animateurs socio-culturels. Cette décision entraîna une série de protestations publiques et la grève des ses étudiants mais Orlan ne fut pas réintégrée. Il est amusant de noter que 15 ans plus tard, l'oeuvre fut achetée par le FRAC des Pays de la Loire.

 

1982

Avant l'arrivée d'Internet, Orlan est fondatrice de la première revue d'art contemporain et de création sur Minitel, Art-Accès Revue.

1983

Le Ministère de la Culture charge Orlan d'un rapport sur l'Art-Performance.

1984

Orlan est enseignante à l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Dijon.

 

1986-1990

Les 20 ans de publicité et de cinéma de Sainte Orlan

Durant les années 80, on assiste à un profond désintérêt pour les performances et les installations, pratiques vouées à l'éphémère qui résistent à la logique du marché. Dans ce contexte et contre cette situation, Orlan élabore un bilan de son travail antérieur. A partir des rares images de ses performances et installations, elle fait peindre des affiches de films virtuels. Les titres reprennent des slogans de l'artiste et les noms cités rendent hommage à ses complices. Deux de ces affiches peintes serviront de décor de fond pour deux opérations-chirurgicales-performances.

 

1989

L'Origine de la Guerre

Inspirée par le tableau L'Origine du Monde de Gustave Courbet (acquise par le Musée d'Orsay en 1995), cette oeuvre présente un gros plan du bas-ventre d'un homme, les jambes écartées, le sexe en érection. Grâce aux moyens de la photo et des logiciels de retouche, Orlan détourne l'oeuvre tout en reprenant exactement le même format (54x46cm), la même composition et la même tonalité colorée. Elle accentue encore le détournement parodique en replaçant le nouveau "tableau" dans un cadre baroque.

 

1990

Peaux d'âne

Orlan inaugure avec les Peaux d'âne plusieurs séries qui jouent d'une part d'ironie, d'autodérision et de kitsch : elle y joue avec sa propre image, pose avec des costumes et des expressions ridicules. Vont suivre Du Balai 96, La Femme qui rit en 97 et Les Idiotes en 98 en hommage aux Idiots de Lars von Trier (voir plus bas). L'artiste veut préserver sa liberté de faire des âneries sans être une ânesse, des folies sans être folle, des sottises sans être sotte, des idioties sans être idiote. C'est une autre manière pour elle de sortir des carcans, des rôles dans lesquels elle aurait pu s'enfermer et être enfermée.

 

1990

La Ré-Incarnation de Sainte Orlan ou Image(s), Nouvelle(s) image(s)

Tout en se poursuivant avec logique, l'oeuvre d'Orlan évolue radicalement. Ce titre désigne l'ensemble des opérations-chirurgicales-performances (9 effectuées au 14 décembre 1993), théorisé dans son texte-conférence "Ceci est mon corps...; Ceci est mon logiciel...". Orlan est la première artiste à utiliser la chirurgie et la chirurgie esthétique qu'elle détourne de ses usages.

Le 30 mai 1990 a lieu à New Castle en Angleterre la première opération qui inaugure pour Orlan une remise en jeu de son image, lors d'une manifestation intitulée "L'art et la vie dans les années 90". A la lecture d'un livre d'Eugénie Lemoine-Luccioni, psychanalyste lacanienne, Orlan décide d'interroger la manière dont notre modernité perçoit les rapports entre le corps et l'identité. Elle fait de sa chair le matériau de son travail et entreprend une performance avec les techniques chirurgicales. Pour inscrire la performance dans le "tissu social", Orlan charge une agence de communication d'élaborer pour elle un nom, un prénom, un nom d'artiste et un logo pour saisir ensuite l'Etat français afin de faire entériner ces "nouvelles identités" dans ses papiers officiels. Pour obtenir la collaboration du premier chirugien qui l'opère, Orlan construit un autoportrait numérique dans lequel elle hybride les traits de figures célèbres de la peinture occidentale avec les siens (images de Diane, Vénus, Psyché, Europe, la Joconde).

Mais au fil de l'évolution de son travail, l'artiste s'est complètement détachée de cette image initiale. L'essentiel n'est pas le résultat final mais le moment de la performance qui implique le travail d'une équipe dirigée par elle. L'esthétique du bloc opératoire est transformée. Orlan collabore avce d'autres créateurs pour les décors, les costumes des chirurgiens, etc.

Active pendant l'intervention, elle ne "subit" pas mais orchestre l'opération : elle lit des textes, dialogue avec le public via les transmissions vidéo par satellite.

4ème opération-chirurgicale-performance 1991

Le bloc opératoire devient son atelier d'artiste d'où sortent différentes oeuvres (dessins au sang, reliquaires, textes, photos, vidéos, films, installations...).

Dessin au sang

Reliquaires (avec échantillons de chair)

Saints suaires (transferts photographiques sur gazes médicales imbibées de sang)

Ses performances sont avant tout un processus pour produire des oeuvres. Contrairement à ce que certains médias ont laissé penser, la démarche d'Orlan n'est en rien masochiste. L'artiste, toujours sous péridurale lors des opérations, revendique avant tout le droit à ne pas souffrir en utilisant la science d'aujourd'hui, en particulier lors de l'enfantement, position qu'elle défend dans son Manifeste de l'art charnel (cliquez pour lire le Manifeste).

 

1992

Portrait officiel à la perruque de la fiancée de Frankenstein n°5

 

1993

En juillet, Orlan épouse Raphaël Cuir, historien de l'art.

Omniprésence

Ce titre désigne la septième opération-chirurgicale-performance réalisée le 21 novembre. Pour plusieurs raisons, elle occupe une place clé dans la réalisation de La Ré-incarnation de Sainte Orlan. Pour la première fois, l'intervention n'a pas lieu en France, mais à New York. Elle est retransmise en direct par satellite à Paris (centre G.Pompidou),à New York (galerie Sandra Gering), au centre multimédia de Banff (Canada) et au centre Mac Luhan de Toronto. Le corps, présent dans le bloc en chair et en os, est ainsi simultanément visible depuis quatre autres espaces, et Orlan peut dialoguer avec des spectateurs éloignés, d'où le titre. Autre innovation, le chirugien avec lequel travaille Orlan est une femme féministe, le Docteur Marjorie Kramer. Cette collaboration libère l'artiste de la symbolique parasite qui pouvait être associée à la présence du praticien comme figure d'autorité masculine. Du docteur Kramer, Orlan obtient l'insertion du plus grand nombre d'implants possibles Deux d'entre eux, normalement utilisés pour réhausser les pommettes, sont placés au-dessus de ses sourcils de chaque côté du front. Les deux bosses sur le front ainsi créées permettent à l'artiste de mieux affirmer encore son projet " d'utiliser la chirurgie esthétique d'une manière complètement détournée, en employant la technique pour produire quelque chose qui ne soit pas réputé beau ".

Précisons que l'opération s'est finalement déroulée en deux fois, Orlan étant arrivée à un point où la douleur, qu'elle dénonce à travers tout son travail, devenait trop présente.

 

Omniprésence (installation)

L'opération et la convalescence d'Orlan s'inscrivent immédiatement dans une installation, Omniprésence, élaborée et présentée à la galerie Sandra Gering de New York. Elle est composée de 41 diptyques en métal, alignés sur un mur de 16 mètres. Sur chacune des plaques inférieures, Orlan place une image mêlant ses traits à ceux de l'une de ses figures de référence dans la peinture occidentale. Obtenu par ordinateur, à l'aide d'un logiciel de morphing, chaque visage correspond à un "entre-deux", c'est-à-dire à "l'image exacte du milieu" dans le processus de fusion des deux formes et prélevé sans retouche. Ce sont des autoportraits faits par la machine-computeur. Sur les 41 plaques supérieures, 41 photographies d'Orlan viennent prendre place au jour le jour, à partir de la date de l'opération, rendant compte de l'évolution de son apparence au fur et à mesure de sa convalescence. Ce sont des autoportraits faits par la machine-corps. Le spectateur est donc invité à confronter les images supérieures et inférieures, mais aussi à suivre l'évolution du corps retrouvant son aspect normal. Quand le dernier portrait ainsi réalisé a trouvé sa place, l'installation est complète et l'exposition peut prendre fin. En 1994, à partir d'un autre choix d'autoportraits faits par la machine-corps, Orlan en a réalisé une seconde version en Europe (la première se trouvant encore aux Etats-Unis).

Si toutes ces images dérangent toujours, surtout si l'on n'y voit que formes et manières nouvelles d'exhibitionnisme, il ne faut pas oublier qu'à travers cette démonstration l'artiste affiche à la fois sa position pour la liberté de disposer de soi et de son image et son refus de la souffrance.

 

1996

série Du Balai

 

1997

série La Femme qui rit

Orlan travaille également sur son identité judiciaire avec la collaboration des services scientifiques de la recherche de la police danoise.

 

1998

série Les Idiotes

 

Self-hybridations

En entreprenant un tour du monde des standards de beauté dans d'autres civilisations et époques, Orlan passe du réel (les opérations-chirurgicales-performances) au virtuel à l'aide de l'image numérique, de la vidéo et du traitement informatique. Commençant par les civilisations pré-colombiennes à Mexico, elle produit des photos numériques et des installatiosn 3D interactives en vidéo, les Self-hybridations, conçues à partir de son image et des déformations du crâne, du strabisme et des nez postiches chez les Mayas et les Olmèques et sur la représentation du dieu Xipe Totec qui enfile la peau de ses victimes écorchées. Ces images proposent ainsi de nouveaux critères de beauté en dehors des normes actuelles.

 

1999

Orlan reçoit 2 prix pour ses images hybrides : le 1er prix du GriffelKunst de Hambourg et le Prix Arcimboldo de la Fondation Hewlett Packard, La Maison Européenne de la Photographie, Picto et Gens de l'Image. Ces photos sont ensuite exposées dans le monde entier.

Elle inaugure son site web la même année (cliquez sur le lien en bas de page) et est nommée enseignante à l'ENBA de Cergy-Paris.

 

2000

Hybridations africaines

Orlan commence ici une nouvelle série de photos numériques sur les standards de beauté des civilisations africaines. Elle élabore aussi des sculptures en résine de personnages mutants.

 

Le Plan du Film

(cliquez sur l'image pour accéder au détail du Plan du film )

Ce dernier projet monumental d'Orlan, est aujourd'hui en cours. Il est construit à partir d'une phrase de Jean-Luc Godard : "Non seulement un film à l'envers, mais en quelque sorte l'envers du cinéma…", phrase prise à la lettre comme un concept. Affiches dans des caissons lumineux, plateau télé, interviews des acteurs, édition d'un catalogue de présentation DVD avec bande sonore, pour un film qui n'existe pas encore, permettent de remonter à l'envers toute la construction d'un film long métrage, destiné au circuit commercial, et non au seul milieu de l’art. Avec Le Plan du Film, c'est l'industrie cinématographique qui fait son entrée magistrale dans l'art. L'artiste créé des vraies affiches de film, réalisées par une entreprise spécialisée, et y recycle son iconographie personnelle et artistique. "On y retrouve des personnalités, toutes volontaires, du monde de l'art associées à d'autres du cinéma qui donnent à ces affiches un poids réel. A partir de là, on va remonter jusqu'à un vrai long métrage distribué en salle" (Orlan, mai 2002).

 

Orlan va également tenir son propre rôle dans le prochain film de Cronenberg. "Le cinéaste D.Cronenberg a lu mon Manifeste de l'art charnel [cliquez pour lire le Manifeste]. Il en a tiré le scénario d'un film dont le titre sera Painkillers, "Les Tueurs de douleur". Il m'a proposé d'y tenir mon propre rôle. Il veut filmer ce qui serait ma dernière opération chirurgicale. Il s'agira soit d'une opération esthétique qui augmenterait fortement mes possibilités [...] soit d'une opération que j'appellerai "poético-démonstrative" : l'ouverture puis la fermeture de mon corps, qui seraient filmées. Pendant ce temps, je lirais, je parlerais, je répondrais à des questions, sans douleur, puisque je n'en éprouverais aucune. Le choix entre les deux n'est pas encore fait." (Orlan dans Le Monde du 21 mars 2001)

 

2003

Orlan Carnal Art

(cliquez sur l'image pour accéder au site Web du film )

Sortie du film Orlan Carnal Art le 14 mai 2003. Axé sur la morphologie d'Orlan en évolution, en révolution dans cette chronique des performances et des oeuvres exposées qui en résultent, le film de Stéphane Oriach nous dévoile les sensations originales de la pensée de l’artiste.

 

Cliquez sur l'image pour accéder au site Web d'Orlan.