PipiLotTi RiSt

néE eN 1962 à RhEintAl, cAntOn de SaiNt-GaLl, SuiSse

vIt eT trAvaiLle à ZüRicH

 

"LeS iNstAlLatiOns viDéo peUveNt toUt cOnteNir, cOmme uN sAc à mAin : pEintuRe, tEchNique, paRole, mUsique, mOuveMent, imAges mOches eT flUides, pOésie, vitEsSe, prEsseNtimEnt dE lA moRt, seXualiTé eT geNtillEsSe."

 

Vidéaste et musicienne (elle a longtemps fait partie de l'ensemble suisse Les Reines Prochaines), Pipilotti Rist est considérée comme l'une des artistes les plus originales de sa génération. Son œuvre, et tout particulièrement les installations vidéo, par lesquelles elle s'est acquise ces dernières années une notoriété retentissante, propose une rare et efficace fusion de la musique et de l'image.

Lors de la présentation de l'installation Sip My Ocean à l'exposition des finalistes du "Prix Hugo Boss" au Musée Guggenheim Soho de New York en 1998, le critique new-yorkais Peter Schjeldahl a d'ailleurs pu dire que " Rist […] est peut-être la première grande artiste créatrice de vidéos musicales. Ces vidéos sont une véritable forme d'art présentant des constantes structurelles qui permettent les comparaisons, et, en théorie, la croissance. "

Pipilotti Rist dit elle-même qu'elle fait des "poèmes en mouvement". Ses œuvres, qui ont été pour plusieurs l'équivalent de petites épiphanies, sont dotées d'une rare force émotionnelle. Elles présentent des couleurs exacerbées et un personnage heureux qui découvre son corps avec une jouissance incroyable. La saturation chromatique, la musique, les associations, superpositions et accélérations d'images, les flash-back, les images chocs, tout concourt, dans ce travail, à provoquer un effet de catharsis.

Dans ses installations vidéo, Pipilotti Rist anime de plus en plus la totalité de l'espace et les objets qui l'habitent. Elle diffuse ses images sur les murs, au plafond, au sol, sur les meubles, éventuellement aussi sur des bouteilles, les faisant parfois courir sur nous, spectateurs. Pour l'artiste, il est primordial que la présentation de ses œuvres s'ordonne en un parcours. En Europe, où circulait ces deux dernières années une importante exposition de son travail, ses installations vidéo composaient les différentes pièces de la demeure d'une fictive Himalaya Goldstein dans laquelle flânaient les visiteurs.

L'œuvre de Pipilotti Rist, il faut le dire, emprunte à des sources profondes de la culture occidentale, l'expérience psychédélique, le symbolisme et le romantisme, sources dont elle renouvelle le cours en les mêlant aux formes de l'univers cathodique. Pour le cerner, il faudrait imaginer quelque croisement entre Rimbaud et Nam June Paik, ou entre Caspar David Friedrich et Jim Morrison.

Reflétant à l'évidence une certaine sensibilité contemporaine en quête d'"utopies alternatives", les œuvres de Pipilotti Rist abordent, sans qu'il n'y paraisse au premier regard, les grandes questions (l'amour, le désir, la mort, la catastrophe), qu'elles sondent avec une liberté proprement jubilatoire, tout en interrogeant en profondeur le statut féminin dans notre société.

 

SéleCtion de "pOèmEs en moUvemEnt"

 

I'm Not The Girl Who Misses Much, 1986

 

Pipilottis Fehler (Pipilotti’s Mistakes), 1988

 

Pickelporno, 1992

 

Blue Bodily Lettre, 1992/1995

 

Selbstlos im Lavabad (Désintéressée dans le bain de lave), 1994

moniteur LCD placé dans le sol

 

Sip My Ocean, 1996

L'eau est un thème récurrent dans l'oeuvre de Pipilotti Rist, qui s'illustre jusque dans les titres de ses oeuvres : Selfless in the Lava Bath, Sea of Coffee et Sip My Ocean. Cette oeuvre est filmée entièrement sous la surface de l'eau. La caméra vous entraîne doucement dans un voyage sous-marin, à la découverte d'artefacts ès lent, appartienant d'ordinaire à la vie terrestre et qui coulent ici au fond de l'eau. Les couleurs rendues très vives par la vidéo sub-aquatique contrastent avec le mouvement très lent du naufrage des objets. Le contraste est accentué par l'accompagnement musical, le "Wicked Game" de Chris Isaak dont Pipilotti Rist, selon les moments, fredonne ou hurle les paroles d'une voix stridente.

 

Ever is Over All, 1997

Une femme en robe bleue, une fleur à la main, portant un phallos végétal, mène à elle seule un kômos antique, sous le regard bienveillant des autorités. Origines du théâtre, du carnaval, fête des fous. Bris organisé des règles sociales dans un temps bien précis, juxtapositions d’images de la nature. Les vitres volent en éclat. Tout est normal. Tout est calme. A elle seule procession, Marie bleue dionysiaque...

 

Regenfrau (I Am Called A Plant) Rain Woman (I am called a plant), 1998

Une cuisine blanche uniformisée, monumentalisée. Eléments standards des placards qui se font surface de projection. Alice au pays des merveilles. Son de l’eau qui coule. Robinet ou ruisseau ? Image ophélique d’un corps de femme allongée dans un cours d’eau. Noyade, repos, ondine...?

 

Himalaya's Sister's Living Room, 2000

Meubles design supports de projection, tout ici est support de projection - sens propre, sens métaphorique - sur un fauteuil orange, se projette un poste de télévision qui s’enflamme. Une main apparaît et replace l’image ... Image d’une image d’une boîte à images... Au mur, des pages publicitaires, images décor. Etiquettes de prix. Fatras d’objet, pièges du regard. Jeu. Recherche d’images, de mouvant. Contorsions, humour. Perruques, Alice de nouveau, dans sa robe à pois. Nourriture Lyophilisée dans les assiettes. décalages. Grains de sables dans la mécanique bien huilée du confort. Brèches de rêve, d’incongru. Portes ouvertes.

 

Open my glade, 2000

 

Fliederstrudel - Fünf Uhr, 2001

 

Related Legs, 2001

Projection vidéo sur rideaux transparents.

 

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